Nouveau gouvernement pakistanais : un enjeu pour la paix dans le monde?

Publié le par labetepensante

Fin mars 2008, le Pakistan a un nouveau premier ministre : Yousuf Raza Gilani. Les élections législatives qui se sont tenues en février succèdent à 8 années de domination militaire.

 

Le Pakistan est un pays jeune, qui obtient son indépendance en 1947 ; ses  frontières actuelles ne son définies tardivement, en 1971. C’est un état sous forte influence islamiste.

 

Son histoire est caractérisée par des relations conflictuelles et des guerres avec l’Inde, en meême temps qu’elle est marquée par l’évolution de l’Afghanistan, laquelle a conditionné également la politique du Pakistan. 95% de la population est musulmane, majoritairement sunnite, les Hindous et Chrétiens ne représentant que des minorités, dans un pays de 160 millions d’habitants où l’Islam est la religion d’état, depuis la constitution de 1973.

Des flux de réfugiés musulmans depuis l’Inde et de réfugiés de guerre depuis l’Afghanistan expliquent un très forte croissance démographique. Les 3/4 des habitants n’ont pas accès à l’eau potable, la moitié de la population est analphabète, les trois quarts le sont chez les femmes. Au Pakistan, l’école n’est pas obligatoire.

Selon la constitution, le président du Pakistan doit être musulman. Il est le chef de l’état, le commandant en chef des armées, et garant de la sûreté de l’état. Il est élu par un collège d’hommes pour cinq ans. Le parlement est constitué de 2 chambres : l’assemblée nationale, constituée de 342 députés élus pour quatre ans, et le Sénat, composé de 100 sénateurs élus pour six ans.

 

Les partis politiques :

Le PPP Pakistan’s People Party, fondé par Zulfikar Ali Bhutto

 

La Pakistan Muslim League-Nawaz (PML-N)

 

La Pakistan Muslim League Qaid-e-Azam (PML-Q), proche des militaires

L’ Awami National Party (ANP), également proche de l’armée

 

 

Peu après l’annonce des résultats des élection législatives de février et celle du nom du premier ministre, G. W Bush prenait contact avec le nouveau premier ministre Gilani pour rappeler ce message : que le Pakistan doit demeurer un allié dans la guerre contre le terrorisme. En effet, le gouvernement constitué autour de Gilani comprendra également des représentants de la ligue musulmane conduite par Nawaz Sharif (PLM-N), arrivée en seconde position derrière le Pakistan People’s Party d’où est issu Yousif Raza Gilani. Pourtant, le PPP, parti du peuple de Benazir Bhutto, et la  ligue musulmane PLM-N étaient encore des rivaux acharné dans les années 90. Aujourd’hui, à la suite des élections, ils disposent ensemble d’une majorité au deux tiers au parlement.

Aussi les critiques à l’encontre de Pervez Musharraf se font désormais plus ouvertes. Selon Nawaz Sharif, Musharraf aurait instrumentalisé la lutte contre le terrorisme dans un intérêt personnel pour asseoir son pouvoir, sans en informer à chaque fois le parlement. Les deux partis qui forment désormais le gouvernement de la coalition, dans un cadre de consensus des démocrates, se sont de fait opposés au président Musharraf.

 

Dans un article de l’édition en ligne de la radio d’information allemande Deutsche Welle, l’analyste Thomas Bärthlein fait un point sur le contexte politique qui a précédé les élections, et les défis qui attendent les nouveaux tenants du pouvoir.

D’abord, en rappelant la lutte intestine au sein du parti du peuple pour l’élection en interne du futur candidat ; alors que les observateurs internationaux se sont surtout focalisés sur la lutte de pouvoir qui a déjà commencé à se jouer contre le président Musharraf. Ces dernières semaines, Musharraf est en effet apparu marginalisé sur l’échiquier politique, notamment, suite à la décision de Gilani de libérer les avocats emprisonnés par ordre du Président lors de l’état d’urgence – voir page dédiée sur ce blog – En outre, la question constitutionnelle est posée de savoir combien de temps encore Musharraf peut rester en poste dans ce nouveau contexte.

Concernant les défis qui attendent l’actuel gouvernement, la question la plus brûlante touche à la sécurisation, prioritaire, du pays, dans un contexte où les attentats de kamikazes se sont multipliés.

 

Chronologie partielle :

 

 

1906 : création de la ligue musulmane dans l’Inde britannique prônant à partir de 1940 la constitution d’un état pour les musulmans au sein du sous-continent indien

1947 : aboutissement de la revendication de la ligue musulmane avec la création de l’état du Pakistan,

Emergence de violence accompagnant les mouvements migratoires entre les deux états. Cohérence territoriale malmenée par la séparation de la partie occidentale et oriental du pays par le territoire indien.

Le Bengale, situé dans lapartie orientae du pays, représente plus de la moitié de la population du Pakistan, mais demeure sous tutelle pakistanaise économique et politique

Heurts avec l’Inde concernant la délimitation des frontières.

1947/48 1965 : conflit indo-pakistanais au sujet du Cachemire

1956 : première constitution pakistanaise. Le Pakistan devient un état musulman.

1958 : le général Ayub Khan instaure un régime autoritaire.

Une crise survenant en 1969 l’oblige à quitter le pouvoir.

1971 : la partie orientale du Pakistan proclame son indépendance et devient le Bengladesh, avec le soutien de l’Inde qui fait obstacle à l’intervention pakistanaise.

1973 : nouvelle constitution pakistanaise sous le mandat de Zulfikar Ali Bhutto, candidat et président du PPP élu premier ministre.

1977 : Zulfikar Ali Bhutto est destitué par les militaires pour fraude électorale.

Juillet 1977 : le général Zia ul-Haq qui décrète la loi martiale

1978 :le général Zia ul-Haq devient président

1979 : après sa condamnation, Zulfikar Ali Bhutto est pendu. Le général Zia ul Haq annonce la dissolution des partis

Sous le régime de Zia Ul Haq, islamisation forte du pays :

Création d’une cour fédérale de la Chariah ; le blasphème contre Mahomet est puni de mort. L’assemblée nationale est remplacée par une Majlis i Shoora, conseil auprès du président sans plus de fonction législative. L’arabe et les études islamiques deviennent obligatoire dans les écoles.  Dans l’armée, les théologiens obtiennent le grade d’officiers.

1985 : en réaction, création par le PPP et l’opposition au général, à la loi martiale, et à l’islamisation du pays du Mouvement pour la Restauration de la Démocratie (MRD).

1985 : fin de la moi martiale

1988 : mort du général Zia ul-Haq – élections législatives et victoire du PPP.

Benazir Bhutto, fille de Zulfikar Ali Bhutto, devient premier ministre

Altenance des gouvernements PPP et PLM jusqu’en 1999. Aucun parti n’arrive à régler le problème de l’inflation ni celui du renforcement du fondamentalisme religieux.

1998 : en réponse aux tests nucléaires de l’Inde, le Pakistan mène lui aussi des tests

1999 : reprise des tensions avec l’Inde au sujet du Kashmir

Putsch du Général Musharraf, élu président à partir de 2001

Changements notables dans la constitution :

Politique étrangère dictée par l’évolution en Afghanistan avec l’instauration du régime des Talibans, soutenus par le Pakistan

Après les attentats du 11 septembre 2001 contre le WTC, Politique d’alliance avec les Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme. Réactions de résistance au Pakistan

Stratégie des petits pas avec l’Inde pour aller vers une résolution du conflit au Cachemire, par ex avec l’ouverture de routes entre les pays

Réélection de Muscharraf en octobre 2007 sous condition d’un avis de la cour suprême

Attentat contre Benazir Buttho, de retour d’exil a Karachi

Novembre 2007 : Musharraf déclare l’état d’urgence, élections législatives prévues début 2008, et suspend la constitution, imposant la loi martiale. A Islamabad, les troupes de l’armée envahissent la cour suprême et occupent les résidences des juges et des leaders de l’opposition, dont Benazir Bhutto. Iftikhar Muhammad Chaudry, président de la Cour Suprême, refusant de cautionner l’état d’urgence et le déclarant anticonstitutionnel est remplacé.

L’opposition avec les islamistes radicaux conduit à la prise par les forces armées gouvernementales de la Mosquée rouge

La Cour Suprême nouvellement recomposée entérine l’élection de Musharraf

Décembre 2007 :  assassinat de Benazir Buttho à Rawalpindi

Elections législatives de février 2008 : victoire du PPP, suivi par la PML-N,

Tandis que la PLM-Q proche de l’armée et de Musharraf voit son nombre de sièges diminuer fortement.

Mars 2008 : Gouvernement d’union entre le PPP et la PML-N

 

Sources :

Deutsche Welle,

http://www.dw-world.de/dw/function/0,2145,12356_cid_3216004,00.html, le 25.03.2008

http://www.dw-world.de/dw/article/0,2144,3215826,00.html, 25.03.2008

Spiegel ONLINE, Lexikon, Pakistan

___________________________________________________________________________

Publié dans Géopolitique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article